Abderrahim Qanir sur Wikipedia®
Introduction
Les frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie sont fermées depuis 1994. Des lors beaucoup de changements géopolitiques ont eu à l’échelon international et régional et notamment le printemps arabe qui a servit tel un tsunami imprévisible affectant les peuples de la planète entière.
Le Maroc et l’Algérie n’ont pas été épargné quoi qu’ils ont chacun à sa manière amorti le choc en décrétant un certain nombre de mesures socioéconomiques et politiques favorables au développement futur de leur populations (nouvelle constitution, élections anticipées, dialogue social, subvention de denrées alimentaires, etc.…).
Cependant, toutes ces mesures restent handicapées si les frontières entre les deux pays continuent d’être fermées. En effet, le coût de cette fermeture est trop cher pour les deux voisins si on le qualifie en termes de croissance et de développement économique et social.
Cette situation constitue un blocage quasi total des activités commerciales entre les pays du Maghreb. Le cout du non Maghreb se décline dans les différents domaines de l’économie ; agriculture, énergie, mines, transport, éducation, tourisme, etc. …
On évalue les échanges commerciaux entre les Etats de l’Afrique du Nord à 13 % de leurs échanges extérieurs, ce qui représente le taux régional le plus faible du monde.
Plusieurs études et conférences ont traité ce sujet et ont mis l’accent sur les nombreux avantages dont bénéficieront les populations maghrébines si les frontières étaient ouvertes.
Aussi, pendant les manifestations et foires intermaghrébins, les partenaires des deux pays ne cessent d’exprimer leur souhait de voir les populations et marchandises se déplacer librement de part et d’autre des frontières terrestres. Les couches sociales maghrébines, pauvres et riches empatissent de cette situation de blocage que les élites politiques n’ont pas réussi à régler, malgré les différents projets d’intégration régionale élaborées par les experts nationaux et internationaux.
Pourtant, la théorie des avantages comparatifs de DAVID RICARDO (1772 – 1828) est très claire :
« Chaque nation est spécialisée dans la production de biens et services qui a un cout comparatif avantageux et l’échange avec les autres nations pour des biens dont ils sont spécialisés. Alors, il y aura un bénéfice commercial général pour les différents pays ; un accroissement de revenus, une croissance économique soutenue et un niveau de vie meilleure pour les différents populations.
Les pays du Maghreb disposent de nombreuses ressources ; pétrole, gaz, phosphates en abondance, minerais de tout genre, des millions de kilomètres de plages et cotes aménagés en stations touristiques de très haut niveau, des paysages désertiques paradisiaques attirant des milliers de touristes de part le monde, une infrastructure autoroutière et portuaire d’avant grande …….etc.
En plus d’une richesse abondante, à savoir une population jeune, qualifiée qui a été formée dans les meilleurs institutions nationales et internationales, qui alimente le marche de l’emploi chaque année et constitue un énorme fardeau pour les différents gouvernements des pays du Maghreb.
En effet le taux de chômage atteint parfois des taux supérieurs à 50% pour les populations éduqués et âgé entre 15 a 25 ans, ce qui exige une croissance à deux chiffres pendant deux décennies pour juguler ce fléau.
L’Europe qui a constitué pendant longtemps un eldorado pour ces jeunes qui s’y sont expatries en masse faute de débouchés chez eux, vit aujourd’hui une crise sans précédent (crise de la dette dans la zone Euro).
Cependant, elle ne peut même plus assurer l’emploi pour ses compatriotes et traine des taux de chômage atteignant plus 20% (en Espagne). Cette situation a poussé quelques pays Européens et notamment la France à décréter des lois interdisant l’emploi des diplômés d’autres nationalités (la circulaire GUEANT du 11 Mai 2011).
Cet état des choses ne fait qu’envenimer la situation des jeunes maghrébins. D’où le temps est venu de prendre des décisions politiques courageuses en regardant l’avenir dans le cadre d’un projet intégré, dans l’intérêt de toutes les populations maghrébines.
Ci après un aperçu succinct sur le coût du non Maghreb pour quelques secteurs de l’économie :
- Energie et Mines :
L’Algérie se positionne au troisième rang mondial pour l’exportation du gaz naturel pour l’Europe après la Russie et la Norvège en plus de ses réserves de pétrole.
Le Maroc est le premier exportateur mondial des phosphates et ses dérivés (engrais) et détient la moitie des réserves mondiales de cette matière. Quant on sait la valeur des engrais dans l’agriculture d’aujourd’hui, avec la hausse des prix des denrées alimentaires et la recherche de tous les pays à assurer la subsistance de leur population. L’Algérie aura besoin des engrais de qualité pour améliorer son rendement agricole et le Maroc a besoin du gaz Algérien pour transformer son phosphate en engrais en plus du souffre et de l’ammoniac Algérien. La proximité des sites de production de ces matières et leur transport terrestre réduirait considérablement le coût de production.
Le marché potentiel de l’OCP consiste en la Chine, l’Inde, le Brésil, le Pakistan et autres.
Un partenariat stratégique entre l’entreprise d’Etat SONATRACH et l’OCP, permettrait aux deux pays de devenir le leader mondiale de la production des engrais aux prix les plus compétitifs, entrainant dans son sillage de nombreuses entreprises de sous traitance et des investissements étrangers très importants avec à la clef la création des milliers d’emplois de part et d’autres des frontières. Nonobstant, un accord vient d’être signe entre les deux pays pour le transit du gaz Algérien a travers le gazoduc Pedro Duran Farell, à partir du Maroc vers l’Europe moyennant une redevance de 640millions de m3.
Aussi, un accord futur entre les deux pays pour le transit terrestre des produits chimiques et pétrochimiques Algériens à travers l’océan Atlantique améliorera la compétitivité de ses produits sur le marché internationale.
- Industrie et Métallurgie :
L’industrie automobile et aéronautique est très développée au Maroc, ce qui profiterait aux partenaires Algériens désireux d’investir dans ses secteurs et notamment l’usine RENAULT à TANGERMED, ce qui leur permettrait d’exporter des voitures par voie terrestre au delà des frontières Algériennes vers l’Afrique subsaharienne par le biais du chemin de fer. Aussi, des partenaires Marocains pourrait être intéressés par l’industrie métallurgique Algérienne notamment l’acier à béton, profiles métalliques ……….etc.
Cependant, la production du ciment moyennant le gaz Algérien rendrait son coût très compétitif pour les deux pays.
- Agriculture et Agroalimentaire :
Parmi les pays maghrébins, le Maroc est le pionnier dans le domaine agricole et agroalimentaire .En effet depuis 1970 ce dernier avait lancé la politique des barrages et de l’aménagement hydro agricole d’un million d’hectare irrigues .Depuis ,le Maroc a ouvert son agriculture aux multinationales ce qui a permis un transfert de technologie et une amélioration de la qualité des produits ,sachant qu’aujourd’hui le Maroc est le premier exportateur africain des produits agricoles de qualité vers l’Europe ,grâce au plan Maroc vert.
Des partenaires Algériens ont ouvert dernièrement des discussions avec leurs homologues Marocains pendant le salon agricole de Meknès avril 2011, dont le but de créer des joint-ventures dans les domaines agricoles et agroalimentaires .D’ailleurs Sa Majesté en personne a rendu visite au pavillon Algérien pour encourager cette coopération. Le savoir faire et l’encadrement Marocain qualifié et expérimenté peuvent contribuer à la réussite de ce partenariat.
- Tourisme et Aménagements touristiques
Le Maroc a fait un pas de géant dans le domaine touristique au cours des dix dernières années. En effet, le plan AZUR (2000 / 2010) a propulsé le tourisme national au rang des pionniers méditerranéens récepteurs de tourisme international. Plusieurs projets et stations touristiques ont vu le jour : Saidia au Loukous à Larache en passant par Bouregreg, la Marina de Casablanca, la station Mazagan jusqu’au désert, plage blanche de Tantan.
Le nombre de touristes a explosé et a atteint les 10 millions en 2010. Le Maroc a acquit une grande expertise dans ce domaine et des centaines de jeunes Marocains ont été formés dans les instituts et centres de formations spécialisés en hôtellerie et restauration. Aussi, plusieurs investisseurs internationaux ont misé sur le Maroc et des fonds souverains continuent d’affluer sur notre pays.
L’Algérie aurait tout à gagner de cette expertise et de ce marché potentiel en créant des partenariats avec les promoteurs Marocains dans le cadre de fonds d’investissement mixtes
pour développer des nouvelles stations dans les deux pays sachant que ce secteur est créateur d’emploi par excellence.
Le coût du nom Maghreb se mesure aussi dans plusieurs secteurs clefs de l’économie des différents pays du Maghreb ; culture, éducation, jeunesse et sport, recherche scientifique ….etc.
Sans ouverture de frontières, comment exploiter de façon rationnelle les atouts dont jouit toute la région de l’Afrique du nord.
Le coût en terme de croissance est estimé d’après les experts internationaux à - 2 points, pour les deux pays (Maroc et Algérie).
Deux points de croissance annuelle perdus, sont presque 200000 emplois perdus chaque année depuis plus de deux décennies.
- Urgence du dégel
Les soulèvements qui ont eu lieu dans la sphère géographique arabe de la méditerranée ont ébranlé des régions qui se sont caractérisés par être les plus stables et les plus sures de la région (Tunisie, Egypte, Lybie) et d’autres mouvements sont encours notamment en Syrie et au Yémen.
Des populations indignées par les inégalités, le chômage, les privilèges, la corruption, l’exclusion, le désespoir, l’injustice, la hogra ….etc, se sont mobilisées pour dire ca suffit !
Le bilan politique économique et social de ces pays est cruel.
Bien que des nuances soient à apporter selon les spécificités de tel ou tel pays, le constat est le même .Le Maroc et l’Algérie sont aujourd’hui les seuls pays maghrébins qui ont su gérer cette crise moyennant des politiques économiques et sociales plus ou moins efficace.
Ils sont entrés dans une phase historique ou chacun bon gré malgré a besoin de l’autre pour se développer plus vite dans l’intérêt de sa population .Ils sont condamnés à sortir de la léthargie et de l’envoi des signaux de dégel de temps a autre et à normaliser leurs relations sans perdre plus de temps.
Ils doivent tirer les conséquences de ce qui s’est passé autour d’eux et agir ensemble dans le cadre d’un projet politique maghrébin moderne et cohérent .Cette bataille des esprits il faut la gagner coute que coute et vite. Il faut investir des politiques socioéconomiques capables de réduire la désespérance, autrement, c’est la désespérance qui dévorera le politique. Personne ne peut arrêter la dynamique des peuples.
Le printemps arabe a conduit les pays maghrébins à avoir à leur tête des gouvernements islamistes modérés (Tunisie , Egypte , Lybie et Maroc) .
L’Algérie se trouve aujourd’hui cernée et très concernée si elle veut éviter l’isolement. L’ouverture des frontières entre les deux pays voisins est une victoire pour tous les peuples du Maghreb, qui profiteront tous des différents accords de libre échange conclus avec l’Europe, les Etats Unis ou d’autres pays.
Le citoyen maghrébin est déterminé à aller jusqu’au bout .Il croit dur comme fer à son destin commun et à la réalisation de son rêve ; un Maghreb uni et des maghrébins libres de se déplacer dans son espace à l’instar de l’espace Schengen en Europe.
Construisons d’abord le Maghreb (régional intégration) et ensuite toute la zone MENA (Meadl East and North Africa, global intégration) qui pourra devenir dans quelques années l’union prospère MENA.
Casablanca 08/11/2011
Abderrahim Qanir
Ingénieur Civil
MBA/Ecole des Ponts et
Chaussées
Ex Parlementaire
Fait à Casablanca le 28/11/2011 par
Abderrahim Qanir
Dr ING MBA
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