Du 7 au 18 décembre, Copenhague
accueille la conférence des
Nations Unies sur le changement
climatique. Les dirigeants du
monde entier doivent parvenir à
surmonter leurs divergences
d’intérêts pour donner une suite
au protocole de Kyoto. Au-delà
des résolutions sur la réduction
de leurs propres émissions, les
pays industrialisés devront
s’engager à soutenir les pays du
sud en situation d’injustice
climatique. Explications.
Saint-Louis, Sénégal
Photo ISF Nord
Le Nord doit financer l’adaptation du Sud
Les pays en développement sont les plus sensibles aux impacts du changement climatique, ne possédant généralement pas les moyens techniques et financiers pour y faire face. Ainsi, un récent rapport de l’ONU(1) indique que la vulnérabilité de l’Afrique face au réchauffement climatique est plus conséquente que ce que l’on pensait auparavant. Sans changement de cap majeur, 30% des infrastructures côtières d’Afrique, notamment sénégalaises, gambiennes, égyptiennes et du Golfe de Guinée, risquent d’être submergées par la montée des eaux. 25% à 40% des habitats naturels d’espèces végétales pourraient disparaître d’ici 2085, tandis que le rendement des cultures céréalières baisserait de 5%.
Nous sommes donc face à une situation d’injustice climatique : les populations les moins responsables de cette crise en seront – et en sont déjà – les principales victimes. Car la majorité des gaz à effet de serre aujourd’hui dans l’atmosphère ont été émis par les pays du Nord pour asseoir leur développement !
L’enjeu de Copenhague est donc double : les pays industrialisés doivent diminuer drastiquement et immédiatement leurs émissions, mais aussi s’acquitter de cette dette écologique. Ils doivent ainsi aider les pays du Sud à s’adapter aux dérèglements du climat, par des financements et un soutien technologique approprié. Selon Oxfam International, 40 milliards d’euros par an au minimum seront nécessaires pour cela d’ici à 2020. Cette somme devra être additionnée à l’aide publique au développement, car les changements climatiques représentent bien un obstacle supplémentaire pour le développement des pays du Sud.
Rien sans un système de financement solide et démocratique
Si des engagements chiffrés sur l’atténuation des émissions et le montant des financements sont une priorité, il ne faut surtout pas laisser de côté les enjeux de gouvernance. Copenhague doit mener à la création de mécanismes juridiquement contraignants, différents du système de contributions volontaires du Protocole de Kyoto qui n’a réussi ni à générer des fonds suffisants ni à les allouer de manière équitable. L’enjeu étant planétaire, on est au cœur du problème de mise en place d’une démocratie mondiale, qui soit à même de faire primer l’intérêt de l’Humanité face aux intérêts particuliers des États. Des garanties de représentation doivent notamment être données aux pays du Sud. Un fonds mondial pour le climat doit être mis en place sous l’égide de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CNUCCC), sans ingérence des institutions non représentatives que sont la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international.
Abderrahim Qani