La Planification par La Crise.
Situé en plein cœur de la ville, le port de Casablanca est victime de son
propre succès.
Des millions de tonnes de marchandises sillonnent ses quais quotidiennement.
Ces derniers temps il a connu une saturation sans pareil: immobilisation à
l'intérieur et encerclement par la ville à l'extérieur. La dernière crise
survenue les mois derniers a soulevé plusieurs interrogations et a poussé
les décideurs à engager une étude par des consultants spécialisés dans le
but de trouver une solution adéquate. L'étude qui démarrera bientôt va
certainement analyser différents scénarii, on parle de la construction d'un
nouveau port en eau profonde entre Casablanca et Mohammedia, au niveau de
Zenata. Il est encore tôt pour se prononcer sur la solution finale qui sera
retenue après diagnostic de la situation actuelle du port de Casa,
simulations du trafic sur plusieurs années, une analyse multicritère (financière,
économique, sociale) et une étude d'impact de chaque solution sur
l'environnement (pollution, nuisance, trafic poids lourd).
Cependant, afin d'aider les décideurs à se prononcer sur le scénario adéquat,
nous proposons les éléments techniques suivants à considérer pendant le
déroulement de ladite étude, à savoir:
. Le port de Casablanca est un véritable fourre-tout, on y trouve les
conteneurs, les rouliers, le poisson, les agrumes, les phosphates, le
charbon, les céréales, les marchandises diverses, matières dangereuses et
chimiques, etc.
. Sa situation géographique en plus de la croissance soutenue du trafic
engendrent beaucoup de nuisances, de pollution et de perturbation de la
circulation urbaine*.
Il est temps de le mettre à niveau pour épouser la vocation de la ville, une
métropole moderne orientée vers le tourisme, centre d'affaires, les NTI et
l'offshoring et de se transformer en pôle urbain à l'instar des grandes
métropoles comme Le Havre, Barcelone, Valence, etc.
Pour ce faire, il faut le spécialiser pour le trafic propre, unitarisé (conteneurs,
Ro-Ro).
Evacuer à court terme les vracs solides polluants (phosphates, charbon,
etc.), vers Jorf Lasfar ou Safi.
. Transférer à moyen terme les marchandises diverses (agrumes, piments,
bois, sucre, céréales, etc.), vers le nouveau port atlantique de Kenitra (Chlihat),
en cours d'étude, soit environ 5 millions de tonnes.
. Procéder à un traitement paysager
de la bande longeant les quatre ports d'accès, pour l'intégrer dans les
projets structurants en cours d'exécution (Marina de Casablanca, nouvelle
gare ON CF de Sidi Belyout, le centre d'affaires Casa City Center). Cette
spécialisation permettra de dégager d'autres surfaces de terre-pleins pour
les conteneurs à l'intérieur du port.
En parallèle, il faudrait prévoir la création
d'un port secondaire ou terminal extraportuaire, à proximité de l'autoroute,
qui sera desservi par une navette ferroviaire, desservant le port. Ce
terminal comportera un centre de fret multimodal (groupage dégroupage), sous
douane afin de fluidifier les opérations à l'intérieur du port. D'ailleurs
la chambre de commerce d'industrie et services de Casablanca a réalisé une
étude pour la création de ce centre multimodal extraportuaire en 2000, avec
la chambre de commerce de Bordeaux. En plus des dispositions citées
ci-dessus, il faudra revoir la tarification portuaire qui doit être
incitative pour
les clients qui enlèvent leurs conteneurs rapidement, et dissuasive pour
ceux qui tardent à libérer l'enceinte portuaire. Prendre l'exemple de la
tarification de l'eau sur tranche progressive.
En ce qui concerne le scénario d'un nouveau port au niveau Cie' Zenata, il
faut rappeler que le plan d'aménagement de la ville a prévu un nouveau pôle
urbain de 2.000 ha appelé à abriter 500.000 habitants à l'horizon 2030 dans
cette zone. Le projet a déjà été présenté à Sa Majesté le Roi et sera piloté
par la CDG..
* (Voir rapport de l'étude du LPEE, pollution de Casablanca).
Réalisé par Abderrahim Qanir
ECONOMIE & ENTREPRISE N° 99 DECEMBRE 2007
.
Download the MS Word Document